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22 juin 2022

Des centaines de travailleurs ont dû s’absenter plus de six mois

« Entre mars 2020 et mai 2022, 662 travailleurs et travailleuses ont reçu une indemnité de remplacement du revenu pendant une période de plus de 180 jours, peu importe si celle-ci a été consécutive ou non, pour une lésion professionnelle liée à la COVID-19 », affirme un porte-parole de l’organisme gouvernemental, Antoine Leclerc-Loiselle.

De ce nombre, 501 personnes recevaient toujours cette indemnité en date du 29 mai dernier, ajoute M. Loiselle. De plus, sur les 105 692 « lésions professionnelles » enregistrées à la CNESST en 2021, 10 742 étaient en lien avec une infection au coronavirus, ce qui représente tout près de 10 % d’entre elles.

À partir du moment où le lien entre le travail et l’infection est établi, la CNESST dit indemniser le travailleur « sans égard à la durée » de celle-ci. D’ailleurs, le libellé « COVID-19 longue » n’est pas utilisé dans le système de classification de la Commission. Seules les catégories « COVID-19 » ou « Contact avec la COVID-19 » sont acceptées.

Officiellement, une lésion professionnelle liée à la COVID-19 « est considérée comme un accident du travail ». Ainsi, « lorsque la CNESST fait état de statistiques sur les lésions professionnelles, cela inclut tant les accidents du travail que les maladies professionnelles », rappelle son porte-parole.

ENCORE BEAUCOUP DE « FLOU »

Ces 662 travailleurs indemnisés pour de longues absences représentent fort probablement « la pointe de l’iceberg », affirme le virologue et professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Benoît Barbeau.

« Un chiffre pareil, ça peut avoir l’air de rien, mais autant de gens pour six mois, c’est un chiffre important, surtout que ce sont des données officielles. Il y en a d’autres qui n’ont probablement jamais réclamé, parce qu’ils ne sont pas au courant des mécanismes. »

— Benoît Barbeau, virologue et professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM

La situation illustre selon lui la présence accrue de la COVID longue au Québec, que les autorités « sous-estiment » probablement, par manque de données. « Le problème avec cette maladie, c’est que les critères qui la définissent varient beaucoup d’une juridiction à l’autre. Il y a un flou qui demeure, car trop de choses ne sont pas standardisées. Ça nous prend une définition commune, basée sur une série de symptômes après x temps », évoque M. Barbeau.

« Si on regarde toutes les réclamations qui sont faites annuellement au Québec, ce n’est pas un chiffre majeur, mais ce n’est pas mineur non plus. C’est la durée des indemnités qui est surtout importante », estime quant à elle l’avocate spécialisée en droit du travail Me Marianne Plamondon. Elle estime aussi qu’une zone grise demeure entière sur la COVID longue au Québec. « C’est difficile pour l’employeur de suivre l’évolution de tout ça. Et c’est aussi compliqué pour l’employé de cheminer là-dedans », ajoute la juriste.

Le tout survient dans un contexte de rareté de la main-d’œuvre. Au Royaume-Uni, où on calcule que de 10 à 20 % des personnes infectées ont des symptômes pendant au moins trois mois, des économistes ont estimé que la COVID longue pourrait être partiellement responsable de la pénurie de main-d’œuvre.

PAS DE PORTRAIT AU QUÉBEC

Au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), le porte-parole Robert Maranda avoue que Québec « ne compile pas de données statistiques sur le nombre de personnes qui pourraient avoir la COVID longue ». À la mi-mai, le gouvernement avait toutefois annoncé la création d’un réseau de cliniques pouvant traiter la COVID longue ainsi que la maladie de Lyme, deux maladies aux besoins « similaires ». « Ce réseau est en train de se mettre en place graduellement », affirme M. Maranda.

L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux travaille aussi « depuis plusieurs mois » à créer des outils « pour aider les professionnels à prendre en charge » les patients qui seraient atteints de symptômes prolongés du virus. « Ces outils seront constamment mis à jour. En décembre 2021, avant la cinquième vague et l’arrivée de nouveaux variants, on estimait qu’environ 23 000 personnes nécessiteraient les services offerts dans le cadre du projet pilote », conclut le porte-parole.

En juillet dernier, la Dre Thao Huynh, de l’Université McGill, avait lancé l’étude IMPACT QUÉBEC COVID-19 de longue durée. Depuis un an, l’experte évalue la santé de 200 adultes atteints de la COVID longue. La chercheuse devrait publier des conclusions en juillet prochain.

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