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4 juin 2021

Manif de 59 heures, un léger mal pour éviter de graves conséquences

«Il faisait froid pendant la nuit, mais la victoire du Canadien nous a réchauffé le cœur», confie Dominic Lemieux, directeur québécois du Syndicat des Metallos.

De multiples syndicats et alliances de travailleurs exigent des bonifications majeures au projet de loi 59. Plus simplement, ils veulent être mieux protégés et mieux indemnisés.

Pendant la manifestation originale, la centaine de personnes (qui va et qui vient) aura l’occasion de se faire entendre, de grogner et surtout de s’expliquer.

Dominic Lemieux sera de ceux présents devant le parlement jusqu’à 17h mercredi. Il est installé dans une petite tente, près de la fontaine de Tourny.

«J’appelle ça un piquetage de 59 heures. La portion la plus importante du syndicalisme, c’est vraiment la sécurité et la santé des membres qu’on représente.»

M. Lemieux est un travailleur du secteur des mines. «Je sais ce que c’est. Nos grands-parents se faisaient tuer, plus de 200 mineurs mourraient chaque année. Maintenant, c’est un par année. Il ne faut pas arrêter les efforts de prévention», explique M. Lemieux.

Les députés étudient actuellement la réforme en santé-sécurité du travail. «Il est inacceptable qu’après des décennies d’attente, le Québec accouche d’un projet de loi aussi décevant qu’incomplet, qui va faire de grands oubliés pour longtemps», déplore les syndicats de travailleurs d’une même voix.

Notamment, le projet de loi prévoit de nombreux reculs «injustifiés» aux droits des victimes d’accidents et de maladies du travail en matière d’indemnisation et de réadaptation.

«On veut les mêmes outils pour faire de la prévention dans l’ensemble des secteurs du Québec, ce n’est pas plus compliqué. C’est majeur. On parle de notre vie», ajoute M. Lemieux.

Les travailleurs sont donc solidairement bien assis devant le parlement depuis 6h lundi. L’ambiance est festive. «On se fait de bonnes connaissances en jasant», dit Dominic Lemieux.

Tous les travailleurs de tous les secteurs sont invités. Les groupes viennent de partout dans la province. Au passage du Soleil mardi, ils portaient tous le masque et respectaient les mesures sanitaires.

Derrière leur sourire et leurs discussions entre amis se cachent de véritables craintes. Une colère grandissante face au futur que le projet de loi 59 leur réserve.

Les détails techniques entourant le PL59 sont peut-être complexes à comprendre. Même les travailleurs actuels ne verront pas les conséquences de la réforme (si elle est adoptée) avant quelques années.

«On nous enlève des droits. Quand on parle de réforme, on s’attend à une modernisation de la loi, il me semble que ça vient avec une amélioration et non des pertes», dénonce Simon Lévesque, responsable de la sécurité et santé au travail à la FTQ Construction.

M. Lévesque est arrivé à l’Assemblée mardi matin. Il craint pour le futur de ses collègues, il s’inquiète surtout des anciens travailleurs, qui doivent maintenant vivre avec les séquelles d’un accident ou de mauvaises conditions.

«Tous les milieux doivent avoir des mécanismes de prévention, égaux. Quand on soulève qu’il y a un gros problème au niveau de la surdité professionnelle au Québec, parce qu’on était longtemps avec une vieille norme qui a fait plusieurs sourds, il devrait avoir des signaux d’alarme au niveau de la prévention», utilise-t-il comme exemple.

«Je les vois, je suis sur le terrain. Ça va loin un accident du travail, ça a des conséquences graves pour le restant d’une vie, au niveau professionnel et au niveau de la société, ce sont des coûts énormes engendrés», ajoute M. Lévesque.

Les accidentés et les malades du travail seront les principales victimes de la réforme, juge le travailleur. Et ça peut devenir vite n’importe lequel d’entre eux si les mesures de prévention ne sont pas adéquates sur les chantiers.

Si le projet de loi 59 promet des économies aux employeurs du Québec, ce sont les accidentés et les malades du travail qui vont faire les frais de cette réforme.

Les manifestants ont reçu la visite de plusieurs députés depuis lundi. Ils se disent épaulés majoritairement par Québec Solidaire, puis par le Parti québécois. Les libéraux ont aussi montré une bonne écoute et ont entendu leurs craintes.

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